PS


Devoir civique incontournable


Buffet campagnard à Chauconin...


... puis prise de la Coupole à Paris


Soirée électorale à l'Entrepôt


Sortie de Jean-Paul Huchon, direction les Bains-douches

 

UMP


Annonce des résultats par le maire du 9ème


Copé commentant sa défaite


Peu d'affluence au siège de l'UMP

 

 

FN


Comme sur un plateau de tournage


Déçue ou résignée ?

 

CONSEIL REGIONAL - 1ere SESSION









Election du président


Le doyen, président par intermittence


Jean-Paul Huchon réélu

La salle de détente


Marie Richard


André Santini


Communiqué du PC à la presse


Dominique nouveau conseiller régional

Jean-François Lamour, mnistre des sports



SECOND TOUR ET IMPACT DES ELECTIONS...

 


Le second tour vient de se terminer avec les résultats définitifs suivants :

Abstention : 34,7 %

Liste Jean-Paul Huchon, reélu président de région
1 922 539 voix; 49,15 % exprimés; 130 sièges

Liste Jean-François Copé
1 593 566 voix; 40,74% exprimés; 64 sièges

Liste Marine Le Pen
395 481 voix; 10,11 % exprimés; 15 sièges

Ca y est, l'essai du premier tour vient d'être transformé ! La carte de France des régions a viré au rouge, Alsace exceptée. Comment nos candidats ont-ils vécu ce "21 avril à l'envers"? Nous allons tenter de transcrire dans cette page la diversité des réactions suscitées d'un bord à l'autre de l'échiquier politique...


La journée du premier tour vécue par les candidats (PS - UMP - FN)

PS
UMP
FN

Esquisses d'analyse de l'impact des élections

 

 

LA JOURNEE ELECTORALE VECUE PAR LES CANDIDATS

 

PS : Paris gagné !

Petit exercice d'imagination : tentons un instant de nous replonger dans l'esprit de dimanche après-midi. Rien n'est encore joué. Le suspense est absolument total. On pressent des résultats au coude à coude, " ce sera serré ". Il faut faire un effort, oublier les résultats, revenir en arrière, avant le dénouement : tension, inquiétudes, espoirs. Le moral d'Artur oscille. Patience, il n'est que 18 heures.

Après avoir passé la journée à parcourir le département de bureau de vote en bureau de vote -Artur en aura vu une trentaine, mêmes personnes, mêmes paroles échangées, mêmes lieux que dimanche dernier, lors du premier tour- Artur s'apprête maintenant à voter. Son visage est tendu, " tant que je n'ai pas encore accompli mon devoir civique, je ne me sens pas bien. On ne sait jamais, s'il m'arrivait quelque chose avant que je n'aie pu déposer l'enveloppe dans l'urne… Chaque voix compte ". Le bureau où vote Artur est installé dans l'école de Comperey. C'est là qu'il a toujours voté. Ambiance familiale : la sœur d'Artur est assesseur, tout le monde se connaît, et malgré les querelles politiques, l'humeur est joviale. Mais l'heure tourne, et les visages se crispent. On parle moins fort, le calme s'installe. " Mesdames, messieurs, le scrutin est clos ! ". Gestes habituels : on compte, on signe, on vérifie, on recompte. Et le refrain commence : " Copé, Huchon, Huchon, Le Pen, Huchon, Copé ". Le téléphone d'Artur sonne. Depuis un quart d'heure il se doutait, mais n'osait pas encore y croire. Une amie de Paris l'avait appelé " On aurait gagné, mais rien n'est sûr. On raflerait 20 régions sur 22 ". Mais Artur reste calme, toujours inquiet. Il est tellement tendu qu'à plusieurs reprises il n'entend pas son téléphone sonner dans la poche de sa veste. Et puis soudain, en voyant la pile des bulletins " Huchon " grossir sur la table du dépouillement, Artur réalise. Il commence à sourire, pas encore franchement. Il prend des notes sur son petit carnet, fait des calculs. " J'y crois pas ! Normalement, ici, c'est un bureau de droite. Et on est en tête ! " Les résultats sont désormais certains : Comparey a voté Huchon : le PS bat Copé sur ses terres : 258 pour la liste d'Artur, contre 238 pour l'ancien maire de Meaux.

Et là tout s'enchaîne. Le téléphone d'Artur sonne en permanence, les informations se recoupent, la rumeur est de plus en plus fiable. Il quitte le bureau de vote local. Direction la mairie de Meaux. Les résultats ne sont pas encore tous remontés vers cette centrale. Artur court de bureau en bureau. " Combien avez-vous dit ? Ca se confirme ! ". Il passe en coup de vent chez lui. Boire un peu de limonade, zapper entre 2 émissions électorales, mais il ne mange rien, " jamais les soirs d'élections ". France Info, dans la voiture, lui donne les tendances nationales : ce ne serait pas 20 régions sur 22, mais 21 ! La victoire absolue ! Artur a soudain le sentiment de vivre " à 100 à l'Heure ". A Chauconin, où tous les militants socialistes du coin se sont donné rendez-vous, l'ambiance est enivrante. Sur fond de pâté, rillettes, chips et vin rouge, les gens s'embrassent, se félicitent. " On les a eus ! on a achevé la bête ! ". Ça entre, ça sort, personne ne tient en place. Artur reçoit un énième coup de fil, son visage rayonne, il se met debout à l'entrée de la salle et crie la nouvelle à tous les militants rassemblés : " On a gagné le conseil général ! le conseil général passe à gauche ! ". La joie est désormais totale.

Ému, Artur quitte ses amis pour se rendre à Paris. " Je suis au bord des larmes, quand on est là, tous ensemble… On l'a tellement attendue cette victoire, mais là c'est plus que ce que j'aurais pu imaginer ! "
À Paris, autre ambiance, autres compagnons de politique. Sans transition, les pâtés maisons de Chauconin ont laissé la place aux plateaux d'huîtres de la Coupole. Artur est un peu sonné, encore un peu décalé, son cœur est resté avec les militants de Meaux, tandis que Nicole Bricq (l'ancienne députée PS de Seine-et-Marne), qui l'accueille dans le grand restaurant parisien, parle déjà présidentielles, luttes d'influence… Le local est soudain confronté au national. Artur s'étonne : " mais pourquoi tu me parles de 2007 ? on n'y est pas ! ". Son idéalisme lui donne des allures de naïf, mais ça ne durera pas longtemps. Lui qui se sentait incapable de manger quoi que ce soit en ce jour d'élections se met vite à la mode parisienne. Il commande une salade. Jean-Paul Planchou, à côté de lui, en complet sombre à rayure, cravate rouge bordeaux, fume un gros cigare et fait tourner l'armagnac dans son verre… allure de lord anglais. On est loin de Chauconin…

Pour Artur la nuit sera courte : il part rejoindre Jean-Paul Huchon et toute son équipe qui dansent aux Bains-Douches… folle nuit parisienne pour le Meldois !


L'UMP et la France voient rouge

Deuxième tour des régionales en Ile de France : pour l'UMP, l'enjeu est important, car conquérir la région permettrait de rendre la victoire probable de la gauche au plan national un petit peu moins éclatante.

Le rendez-vous avec Delphine est fixé à 17 heures dans le bureau de vote du lycée Jules Ferry, où elle est assesseur depuis le début de la journée. Pale et fatiguée, celle-ci semble accuser le coup des péripéties qu'elle a connues durant les derniers jours de la campagne : une partie des électeurs du neuvième et du dix-huitième arrondissement n'avaient en effet reçu que les bulletins de vote de Jean-Paul Huchon et Marine Le Pen, celui de Jean-François Copé ayant été malencontreusement oublié… Improvisation de nouveaux " boitages ", réunion au siège de l'UMP pour aviser et déposer un recours : bref, les derniers moments de campagne n'ont pas été de tout repos pour notre candidate.

Mais l'heure est désormais à la sanction par les urnes de ces trois mois de terrain : les électeurs auront-ils été sensibles à la campagne menée par l'UMP à Paris ? A 18 heures, Delphine n'a toujours aucune idée des tendances. La participation semble plus forte, mais impossible de savoir si c'est pour infirmer ou confirmer le vote sanction de la semaine dernière. Néanmoins, elle constate que souvent, " une plus forte participation signifie vote de protestation contre le gouvernement en place ". De 19 heures à 20 heures 30, Delphine est auprès de Dominique Versini pour l'aider à collecter les premières prévisions, les premiers résultats. Nous n'assistons pas à cette réunion à huis clos mais la rejoignons à la Mairie du neuvième arrondissement à 21 heures. Comme la semaine dernière, il s'agit d'observer en temps réel les résultats de l'arrondissement, qui tombent bureau de vote par bureau de vote. Mais cette fois, Delphine est invitée à consulter les premiers résultats sur l'intranet de la Mairie, dans la salle du Conseil ; les résultats officiels lui seront communiqués plus tard. La défaite écrasante de l'UMP sur le plan national est analysée par les commentateurs de France 2, sur l'écran géant qui retransmet la chaîne dans la salle du conseil de la Mairie. La candidate UMP reste muette devant les résultats et la défaite certaine de Copé en Ile-de-France, mais son visage livide en dit long sur ce qu'elle peut ressentir. Les candidats et sympathisants socialistes arrivent pour fêter leur victoire, Delphine, elle, reste à attendre les résultats définitifs du neuvième. Enfin, le maire arrive pour communiquer les chiffres officiels : 51,56 % pour Jean-Paul Huchon, 43,26 % pour la liste UMP-UDF, 5,17 % pour la liste de Marine Le Pen. Après avoir été publiquement saluée par le maire, Delphine se presse de quitter les lieux, mais avant cela, elle assiste à la projection de la " France rose " sur l'écran, symbolisant l'éclatante victoire de la gauche à ces élections. Le résultat est applaudi à tout rompre par la salle, devant Delphine qui " ne desserre pas les dents ".

S'adressant à un jeune militant UMP venu s'enquérir des résultats, elle murmure " c'est un gag, ça doit être un gag ". Puis elle tente d'expliquer les raisons de la défaite : " ce ne sont pas des résultats à signification locale, c'est un vote de mécontentement contre le gouvernement. Je suis surprise par ce vote. C'est difficile de le comprendre ". Le jeune militant avance : " il faut certainement se rapprocher plus de l'électorat populaire ".

Au siège de l'UMP, où Delphine termine la soirée, les mines des chefs de listes sont graves. Les jeunes militants sont moins nombreux que la semaine dernière, quand l'espoir était encore permis. Devant l'écran télé où défilent les visages de Ségolène Royal ou Elisabeth Guigou, les commentaires vont bon train : " ah, maintenant, ils n'ont pas fini d'être arrogants ". " Qu'on les laisse faire les réformes dont la France a besoin : quand c'est la gauche, il y a toujours peu de manifestations ", confie, désabusé, un militant. Delphine, quant à elle, est déjà montée dans les bureaux de l'UMP, pour une réunion de crise après cette lourde défaite…

 

Le FN, entre déception et résignation

Pour ce deuxième tour, Dominique a choisi de regarder les résultats à la télévision. Pour le Front National, ce n'est pas très bon, surtout en Ile-de-France où Marine Le Pen n'obtient que 10,11% des suffrages, soit moins qu'au premier tour (12,26%). Qu'à cela ne tienne, c'est avec un grand sourire qu'il arrive au " Paquebot " vers 21h45. Pour lui, l'essentiel est que le Front National soit définitivement installé dans le paysage politique français, et le score d'Ile-de-France s'explique aisément : " nous avons été victimes de la méconnaissance des Français qui ne savaient pas que nous étions au deuxième tour et surtout qui n'ont pas compris le nouveau mode de scrutin, croyant qu'on ne pouvait avoir aucun élu. "

Un peu court comme explications, mais Dominique n'en dira pas plus. Même s'il refuse de se réjouir de son cas personnel -il est élu conseiller régional -il obtient son premier mandat électoral et ne peut que s'en montrer satisfait.

Au " Paquebot ", l'ambiance oscille entre résignation et franche déception. Personne ne s'attendait à faire un très bon score en Ile-de-France après les résultats du premier tour, d'où une certaine indifférence observée chez nombre de candidats. En revanche, certains militants affichent des visages défaits, une femme a ainsi bien du mal à contenir ses larmes : " On a tellement boîté, tracté, collé… ", se désole-t-elle.

Mais dans l'ensemble peu de gens commentent le score de Marine Le Pen. Deux écrans de télévision ont été installés mais personne n'écoute vraiment ce qui s'y dit, sauf quand la tête de liste intervient, et encore le silence a bien du mal à se faire. Il faut attendre la visualisation effective des résultats (la carte rouge dont émerge à peine l'Alsace) pour que l'assemblée se réveille et siffle la nouvelle configuration régionale.

Les commentaires se font alors plus nombreux… mais ne sont pas forcément ceux que l'on attendrait. Beaucoup ressentent ici une certaine satisfaction de voir l'UMP défaite, sur le mode " bien fait pour eux ". Les commentaires qui reviennent le plus souvent désignent avant tout l'UMP : " Ils n'ont pas voulu de nous, de nos voix et de nos alliances, et bien voilà le résultat ", " La droite se prend une vraie claque, et j'en suis bien content ", ou encore " Ils se sont plantés eux-mêmes avec leur réforme du scrutin ". Certains même se réjouissent de la victoire de la gauche, car leur ennemi est clairement identifié : " au moins les choses rentrent dans l'ordre, des gens de gauche vont faire une politique de gauche, c'est normal. " Pour ces personnes, il vaut donc mieux une politique de gauche clairement affichée qu'une politique de droite trop modérée…

Vers 23h15, Marine Le Pen fait son apparition. Le discours est bien rôdé, elle l'a déjà martelé sur les plateaux de télévision. Fustigeant la " propagande éhontée en faveur du vote utile ", elle se réjouit néanmoins du maintien du nombre de conseillers régionaux (effectivement, le FN garde un nombre similaire de conseillers, mais elle oublie de dire qu'en 1998, avant la scission mégrétiste, les conseillers FN étaient deux fois plus nombreux) et promet une opposition active et vigilante du Front national contre les " magouilles de l'UMPS ".

Les journalistes se dépêchent de ranger leur matériel pour aller au Parti socialiste. Il n'y aura pas eu de " 21 mars ", encore moins de " 28 mars ". Mais les résultats d'Ile-de-France ne doivent pas occulter la situation nationale, où même s'il ne progresse pas autant que précédemment, le Front National confirme son implantation géographique.

 


ESQUISSES D'ANALYSE

A gauche...

Une fois éloignés les cris de victoires, les commentaires se sont faits plus modestes: "Ce n'est pas un retour en grâce" notera le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, "mais plutôt la fin de la disgrâce". Le succès des socialistes ne semble pas être un vote d'adhésion mais plutôt un vote sanction, faisant de la gauche "l'instrument de la colère du peuple" selon le même Jean-Christophe Cambadélis.

Quel peut donc être l'impact à moyen terme de ces élections régionales ? La "France des Régions", inventée au soir de son triomphe par Ségolène Royal, peut-elle devenir une sorte de "France d'en bas" repeinte en rose, qui s'orienterait frontalement aux orientations du gouvernement Raffarin? Cette perspective, évoquée par le PS après sa victoire aux élections régionales et cantonales, ne correspond pas vraiment à la complexité des institutions françaises.

En effet, si l'angle d'attaque essentiel de la politique gouvernementale porte sur les questions sociales (pauvreté, précarité...), celles-ci ne relèvent pas, pour l'essentiel, des compétences des régions. Elles n'ont pas, par exemple, la capacité de redonner leurs allocations-chômage aux chômeurs, et encore moins la possibilité de "corriger", à l'échelon local, la réforme des retraites. Les présidents des conseils régionaux ne peuvent changer, chez eux, la moindre virgule du code du travail, ni peser dans les négociations entre les partenaires sociaux.

Le projet de loi en cours de discussion sur les "responsabilités locales", qui transférera aux collectivités de nouveaux pouvoirs, ne changera pas cette situation. En revanche, les régions peuvent peser sur l'emploi, en soutenant l'activité économique, en facilitant l'implantation ou l'activité des entreprises. Par exemple, pour protéger leurs populations contre la "casse" sociale liée à la multiplication des plans de licenciements, les régions peuvent jouer, notamment, de leurs subventions aux entreprises. Les régions disposent également d'un levier puissant pour infléchir certaines politiques nationales. Dans le cadre des contrats de plan votés pour six ans, elles codécident avec l'Etat des grands investissements stratégiques : transport, lycées, aménagement du territoire, environnement... Dans ce cadre, elles sortent souvent de leurs attributions théoriques. Ainsi, la région Ile-de-France construit des maisons de retraite et participe au projet de désamiantage de la faculté parisienne de Jussieu. Et toutes sont associées à des programmes d'investissement de la politique de la ville.

 

A droite...

Et les responsables de la droite, quid de leur réaction à ces résultats? Le président de la République, pour sa part, s'est de lui même présenté comme irresponsable - aux termes de la constitution. Quatre jours après la déroute électorale de son camp et au lendemain de la reconduction à Matignon d'un premier ministre pourtant sévèrement désavoué par les urnes, telle est la démonstration qu'il s'est efforcé de faire, jeudi 1er avril, en s'adressant aux Français.

Le chef de l'Etat a dressé un réquisitoire cinglant de l'action conduite par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin au cours de ces derniers mois, ce qui peut sembler pour le moins paradoxal, vu que le premier ministre a toujours admis que c'était le président lui même qui "fixait le cap de la politique du gouvernement". Ainsi, seule la réforme des retraites a trouvé grâce aux yeux de Jacques Chirac. Tous les dossiers qui ont ensuite nourri l'inquiétude ou l'exaspération sociale - puis la sanction électorale - ont fait l'objet, de sa part, de jugements sévères ou sans appel.

Ainsi, la réforme de l'allocation spécifiques de solidarité qui concernait les chômeurs en fin de droit aura été "douloureusement ressentie" a constaté le chef de l'Etat, qui a donc demandé au gouvernement sa suspension. Pour ce qui est de la réforme du régime d'assurance-chômage, ses "conséquences ont été mal appréciées" et le gouvernement doit "trouver la solution". La malaise des chercheurs? Il est tout simplement "justifié" et le problème de postes qui l'a envenimé devra être réglé. Quant à la réforme de l'assurance-maladie, le président de la République a récusé qu'elle soit conduite grâce à la procédure des ordonnances comme le gouvernement prévoyait de la faire.

Que peut-on attendre du nouveau gouvernement mis en place? On peut penser que Jean-Pierre Raffarin, n'ayant plus rien à perdre, saura trouver le courage politique de mener à terme les réformes n
écessaires. Sachant que son gouvernement sera composé de quatre super-ministères directement connectés à l'Elysée, il risque d'être cantonné à un rôle d'animateur de réseau ou de chef d'orchestre chargé de faire régner l'harmonie entre les quatre poids-lourds de sa nouvelle équipe. Quant à Jacques Chirac, qui lui risque de perdre la postérité, on peut espérer qu'il saura influencer le gouvernement afin que celui-ci mette de l'eau dans son vin et n'oublie pas d'intégrer des notions telle que la justice sociale ou la modération dans les changements qu'il sera amené à imposer à la société française.

 

LA PREMIERE SEANCE DU CONSEIL REGIONAL, ABOUTISSEMENT DE LA CAMPAGNE

C'est le jour de la consécration pour la coalition de gauche emmenée par le Président socialiste sortant de la région Jean-Paul Huchon. Après la victoire au second tour des régionales en Ile-de-France, la gauche jouit désormais d'une majorité absolue au Conseil régional. La première séance du nouveau Conseil est l'occasion de faire ou re-faire connaissance pour les conseillers fraîchement élus ; c'est aussi et surtout le jour de l'élection du " nouveau " Président du Conseil régional, ainsi que celle des membres de la commission permanente (les membres de la commission permanente sont chargés de discuter des projets avant que ceux-ci ne soient proposés en assemblée plénière).

Avant l'ouverture de la séance, les conseillers élus par les franciliens conversent autour d'un buffet dans la salle attenante à celle du Conseil. Certains, hésitants ou fiers, font leurs premiers pas dans les locaux, d'autres, comme Jean-Paul Huchon ou Marie Richard, sont à leur aise dans ces lieux qu'ils connaissent bien. Parmi les 201 conseillers présents, nous retrouvons Dominique Joly, candidat du Front national dans le Val de Marne, qui est le seul des candidats suivis par nous ayant été élu conseiller régional. Cette première session est l'occasion pour lui de prendre ses marques et de discuter avec ses collègues du parti de la conduite à tenir lors du vote pour la présidence du conseil. Une sonnerie retentit : c'est l'entrée des conseillers dans l'hémicycle et le début imminent de la première séance du nouveau Conseil. Les élus sont placés par ordre alphabétique. Pendant quelques instants, les cameramen et photographes ont été autorisés à rentrer dans l'enceinte pour saisir les réactions des personnalités présentes. Jean-François Lamour et Jean-François Copé, premier conseil des ministres du gouvernement Raffarin III oblige, ne resteront que quelques minutes. Jean-Paul Huchon, sourire aux lèvres, fait le tour de l'hémicycle, s'attarde auprès de ses collègues socialistes, embrasse Marie-Georges Buffet puis s'entretient avec Marine Le Pen et lui serre la main. André Santini, du haut de la salle, fait déjà rire certains de ses collègues avec quelques bons mots.

Vient alors l'élection du Président du Conseil ; seuls le FN et la gauche proposent un candidat. L'union de droite UMP-UDF a décidé de ne pas se présenter et ne prendra pas part au vote. C'est sans surprise que Jean-Paul Huchon est élu Président de la Région, avec 128 suffrages, contre 15 pour Marine Le Pen. Dans sa première déclaration, M. Huchon définit le 28 mars 2004 comme " le Printemps des régions ", mais souligne également que " cette victoire est une expression de crainte et de souffrance ". Il souhaite être " le Président de tous les franciliens sans exclusion ", et affirme qu'il travaillera " dans le respect de l'opposition ", et ceci " malgré la majorité absolue " conférée à la gauche après le second tour des élections.

Aboutissement de trois mois de campagne, cette journée est amère pour les vaincus, même si André Santini est comme à son habitude très en verve en ce vendredi matin. La gauche et son président savourent ces quelques moments de répit avant la reprise du travail dont les ont chargés les franciliens. Le groupe FN, quant à lui, à l'image d'un Dominique détendu et souriant malgré les résultats très moyens de son département -tête de liste, il en est le seul élu-, semble se satisfaire des résultats du nouveau mode de scrutin, qui lui permettent de siéger au Conseil d'une des régions les plus convoitées de France.

 

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