Le
premier tour vient de se terminer avec les résultats définitifs
suivants :
Liste PS-Verts 31,95%;
Liste UMP 24,79%;
Liste UDF 16,12%;
Liste FN 12,26%;
Liste communiste 7,2%;
Liste LO-LCR 3,99%.
Nous avons souhaité mettre en perspective ces résultats
en accompagnant nos candidats tout au long de cette journée
pleine d'émotion, de suspense... et de retournements. Vous
pourrez ainsi entrevoir la réalité humaine que dissimule
l'impersonnalité de ces chiffres bruts, enfin mise à
découvert !
La
journée du premier tour vécue par les candidats (LCR
- PS - UMP - FN)
LCR
PS
UMP
FN
La
soirée électorale
Esquisses
d'analyse
La
question des fusions de listes
LA
JOURNEE ELECTORALE VECUE PAR LES CANDIDATS
Marquer
(ou masquer?) l'événement pour la LCR
C'est
une autre salle de la Mutualité qui a été réservée
ce soir. Pour le meeting de lancement de la campagne, Lutte Ouvrière
et la Ligue Communiste Révolutionnaire avaient investi l'amphithéâtre,
en sous-sol. Cette fois-ci, ce sont les salons élégants
du premier étage qui ont été choisis. Début
de campagne en bas, fin de campagne en haut
À 18h30 il n'y a pas encore grand monde. Quelques militants,
un policier à l'entrée, les journalistes qui installent
leur matériel. La grande salle a été installée
comme un café : petites tables carrées entourées
de chaises. Les décors ne sont pas encore finis : une militante
s'agite autour des éternels drapeaux rouges. Elle en dessine
les plis, prend un ou deux mètres de recul, s'arrête
pour observer son uvre, et revient pour parfaire les mouvements
du tissu.
Les militants arrivent peu à peu par le grand escalier, en
grappes de 2 ou 3. Ils sont souriants mais alertes. Les émissions
électorales commencent à peine, et sont projetées
sur deux grands écrans autour de la salle. On entend en bruit
de fond la voix des présentateurs : " l'abstention serait
moins forte cette année que lors des dernières régionales
contrairement à toutes les attentes
il est 19h10, dans
50 minutes, nous vous révèlerons les résultats
" Les militants s'assoient aux tables ; spontanément une
frontière se dessine entre ceux qui soutiennent LO et les troupes
de Besancenot. " Ça se voit tout de suite, y'a pas de
tables mixtes
De toutes façons on n'a pas le même
look, les gens de LO sont moins jeunes, et puis, je sais pas, un peu
plus " propres sur eux" " raconte un jeune de la LCR
à un de ses " copains ".
Sandra arrive, après une journée calme dans laquelle
les élections n'ont pas pris une place très significative
: Ce matin, elle a travaillé jusqu'à 14h. Fatiguée,
elle est ensuite allée se reposer chez elle, après être
juste passée déposer le bulletin dans l'urne. Elle a
l'air plutôt confiante, mais ne veut pas se prononcer sur ses
espérances ou ses pronostiques. D'autres militants osent se
risquer : " En Ile-de-France, faut qu'on fasse au moins 7%, comme
dans le Nord-Pas-de-Calais
". Mais soudain les rumeurs
accourent d'un salon reculé. Là-bas, ils ont des chiffres.
Il est huit heure moins vingt, les mines sont moins souriantes
on entend la phrase " moins de 5 " circuler
"
Moins de 5% ! alors ça, ça remettrait en cause notre
alliance avec LO
De toutes façons, moi j'ai toujours
été contre ! " " on aurait mieux fait de la
jouer solo ". Les militants sont visiblement déçus.
Sandra a été s'asseoir au milieu de la salle. Elle écoute
attentivement la télévision. Plus que 5 minutes avant
20h. Elle note des choses sur son petit carnet. Le brouhaha se tasse.
Silence. Il est 20h. La télévision annonce : "
l'alliance LO-LCR ferait 4,8% en moyenne nationale ". Grosse
déception. Un militant raconte qu'à ses yeux, "
faut être réaliste, la révolution, on la fera
pas. C'est par les élections que ça doit passer. Même
Olivier il le dit dans son livre ". La déception se lit
d'autant plus sur son visage. Sandra reste assez silencieuse. Soudain,
on voit Arlette Laguiller sur le plateau télévisé.
Calme absolu dans la salle. " Les chiffres sont un véritable
désaveux du gouvernement, qui paye le fait d'être le
porte-voix du MEDEF
Pour nous, si les choses se confirmaient,
nous avons retrouvé notre électorat de 1998. C'est un
électorat d'un million de personnes qui se maintient et qui
compte. Nous ne donnerons aucune consigne de vote ". Applaudissements
tonitruants, surtout du côté de la salle où sont
assis les militants LO. Bientôt c'est Olivier Besancenot qui
parle : " La réforme des scrutins est tout à fait
injuste, (Sandra murmure " c'est exactement ça ")
; il n'y aura aucun élu révolutionnaire dans les conseils
régionaux, alors que notre participation avait une utilité.
Ce qui me fait quand même sourire c'est que la politique du
gouvernement, c'est-à-dire la politique du patronat, a été
sanctionnée. Le baron Seillière qui occupe de fait l'Elysée
et Matignon a reçu une claque ". Après lui, Marine
Le Pen s'exprime sur le plateau : déchaînement de huées
dans la salle, certains militants pointent même des bras d'honneur
en direction des écrans
La personne chargée de la télévision zappe donc
pour faire disparaître la candidate du FN, ce qui réjouit
la salle. Sandra se lève pour aller fumer une cigarette. Elle
a l'air grave, on annoncerait 3,5% en Ile-de-France. La soirée
devait se prolonger : " on va faire la fête après
" annonçait Sandra en début de soirée. Mais
les choses ont tourné autrement : " on va aller prendre
une pizza avec des copains, et puis je vais rentrer. De toutes façons,
j'aime pas tellement ces trucs là ", explique-t-elle,
en faisant un geste de la main qui désigne la salle, l'ambiance.
Il est 9 heures et demie. Sandra s'en va. Elle n'attendra même
pas Olivier Besancenot et Arlette Laguiller pour leur déclaration
commune, prévue plus tard dans la soirée.
On redescend les marches. Ces régionales n'ont pas été
à la hauteur des espérances.
PS
: Paris et Meaux, deux réalités différentes
"
Bonjour, Artur Bras, candidat sur la liste de Jean-Paul Huchon ".
Cette phrase, Artur va la répéter inlassablement tout
au long de ce dimanche d'élections. Pour ce premier tour des
régionales, il s'est transformé en marathonien des bureaux
de vote. En tant que délégué de liste, il doit
se rendre dans tous les bureaux de Meaux-sud mais il a décidé
d'élargir son périmètre et de faire un tour dans
de nombreux autres bureaux des environ. De Meaux à Mitry en
passant par St Mard et Dammartin-en-Goële où il accompagne
la maire Monique Papin, Artur multiplie les escapades.
Ce "
classique " de la journée électorale pour nombre
de candidats et personnalités politiques locales est très
important pour Artur. Il peut ainsi prendre le pouls de l'élection,
mesurer le taux de participation bureau par bureau et " saluer
les copains ", autrement dit les militants socialistes présents
dans les bureaux comme assesseurs ou délégués.
Mais plus que tout, c'est pour lui un moyen de se montrer comme candidat,
de se présenter à ceux qu'il ne connaît pas, et
de faire vivre le parti socialiste dans une ville largement acquise
à Jean-François Copé. Une tâche parfois
difficile, tant le réseau du candidat UMP est étoffé.
Les socialistes n'ont pas de représentant dans tous les bureaux,
et quand ils en ont, la répartition n'est pas toujours homogène
: certains militants socialistes se retrouvent seuls au milieu d'un
bureau dominé par des gens de droite, quand d'autres bureaux
ont plusieurs représentants socialistes.
Artur fait
sa tournée, apparemment décontracté et confiant.
Heureux de voir que le taux de participation est plutôt bon,
il espère toutefois que les gens se déplacent pour voter
socialiste ! Pour lui l'enjeu est double : comme candidat aux régionales,
il espère que la liste de Huchon fera un très bon score
régional, mais comme conseiller municipal de Meaux, il espère
surtout que la liste fera un bon score à Meaux et montrera
un certain écornement de la popularité de Jean-François
Copé.
La tension
commence cependant à poindre peu à peu. De retour dans
son bureau de vote où il a accompli son devoir civique dès
8 heures le matin, il attend que le président annonce la fin
officielle du scrutin pour assister au dépouillement. On est
loin de l'effervescence des QG de campagne. Ici, pas de journaliste,
pas même de télévision pour suivre la soirée.
Carnet en main, Artur note les résultats au fur et à
mesure, fait ses calculs, appelle pour avoir des résultats
régionaux tout en surveillant les cantonales.
Arrivé
à la mairie de Meaux, l'attente est longue avant que les résultats
globaux de la ville soient connus. Jean-François Copé
arrive en tête avec 46,3% des voix ; Huchon est 2ème
avec 27%. La mairie a la victoire triomphaliste et les quelques militants
socialistes présents n'ont d'autres choix que d'affronter les
regards goguenards de leurs adversaires. Mais tous se retrouvent ensuite
dans un village voisin, où ils vont enfin pouvoir commenter
les résultats entre eux et élaborer les stratégies
de 2è tour, loin de Meaux qui semble encore les bouder.
L'UMP
ou le soulagement face à l'UDF
Ça
y est, le grand jour, celui du premier tour des régionales,
est arrivé. Delphine est mobilisée depuis 8 heures du
matin, heure à laquelle elle a voté dans un petit bureau
du neuvième arrondissement avec Dominique Versini. " C'est
dur quand on vient de passer trois nuits blanches ", confie-t-elle
d'emblée.
La mission
de notre candidate UMP lors de ce premier tour des élections
est de suppléer ses collègues assesseurs dans différents
bureaux de vote du neuvième arrondissement. Rue Blanche, rue
Chaptal, les mêmes gestes et phrases se répètent
: Delphine recherche le nom de l'électeur sur la liste, ou,
si elle est Présidente des assesseurs, vérifie la carte
d'électeur et prononce le traditionnel " a voté
". Les assesseurs politiques sont tous envoyés par l'UMP
ou le PS, nous croisons même, rue Blanche, une personne du Front
National venue veiller au bon fonctionnement des opérations.
Pas d'assesseurs pour l'UDF, " ils n'ont souvent pas assez de
militants pour cela ", explique Delphine. En étant assesseur,
on représente son parti, et il faut vérifier que tout
se passe bien : il en va en quelque sorte de la " réputation
" du groupe. Exemple : dans un bureau voisin, la file des électeurs
est longue, manifestement, les assesseurs présents sont trop
lents ou mal organisés. Delphine va y jeter un coup d'il
pour vérifier que les assesseurs incriminés ne sont
pas de l'UMP - ouf, ce n'est pas le cas- et signale le fait à
la déléguée de la liste. De Nicolas Bay (MNR)
à Oxygène, liste écologique, les électeurs
ont le choix ; mais notons qu'une liste attire l'il de ceux
qui s'intéressent à la communication politique : celle
de l'UMP. Sur la feuille de papier A4, le nom du ministre de l'Intérieur,
président du Comité de soutien de la liste Ile-de-France
est apposé en-dessous de celui de Jean-François Copé.
" Pourquoi ne pas utiliser le nom de Nicolas Sarkozy ? C'est
un soutien d'envergure " remarque Delphine.
Entre les
" a voté " ou l'apparition de Pierre Lelouche, qui
fait la tournée des bureaux de vote, l'après-midi s'écoule
sans que la tension ne se fasse vraiment sentir. Vers 18 heures, Delphine
cherche à obtenir des premiers résultats, mais rien
n'est encore tombé. Elle observe justement que l'abstention
est moins forte que celle escomptée, puis s'interroge : "
effet espagnol ou effet 21 avril ? ". Après 20 heures,
on apprend que les résultats généraux ne sont
pas favorables à la droite ; mais ce qui compte surtout pour
Delphine, ce sont les résultats de l'Ile-de-France et en particulier
du neuvième arrondissement. Nous nous rendons donc à
la Mairie du neuvième, afin de saisir en temps réel
les premiers chiffres tombés. Il est important pour Delphine
de savoir si la campagne de terrain qu'elle a menée dans son
arrondissement s'est avérée fructueuse. Les chiffres
des 300 premiers votants (sur un total d'environ 600 par bureau de
vote) arrivent enfin, classés par bureaux de vote. Delphine
les observe fébrilement puis constate que " ce n'est pas
trop mauvais ". Les listes emmenées par MM. Copé
et Santini font en effet souvent jeu égal avec celle de Jean-Paul
Huchon. M. Bravo, maire du neuvième, donnera finalement les
chiffres officiels à Delphine à 22 h 15 : les listes
PS-PC totalisent 44 % des voix, tandis que celles de l'UMP plus l'UDF
recueillent 43 % des voix. Avant de gagner le siège de l'UMP,
nous sommes rejoints par Pierre Lellouche qui, s'il observe les mauvais
résultats de la droite au plan national, se félicite
du score de l'Ile de France : " ce sont des bons résultats
compte tenu des résultas nationaux ". Avec Olivier, président
d'une association du neuvième arrondissement, ils observent
: " nous sommes prêts de gagner la région, ça
va vraiment se jouer au coude à coude ". Les militants
et candidats de l'UDF présents, dépités, commentent
les images de France 2 : " il faut qu'ils -l'UMP- arrêtent
tous de dire que leurs mauvais résultats sont dus à
la non-fusion avec l'UDF dès le premier tour. C'est mauvais
pour les négociations qui vont suivre ".
Et justement,
direction le siège de l'UMP où les négociations
avec l'UDF vont débuter dès ce soir. Pour Delphine,
il faudra " défendre sa place " sur la liste parisienne.
Rue de la Boétie, candidats, militants et jeunes de l'UMP ont
des réactions bigarées. Pour une jeune militante qui
" a fait campagne non stop durant trois mois ", le résultat
de l'Ile-de-France est encourageant : " on est surtout contents
de passer devant Santini. Mais la région est loin d'être
gagnée
". Un sympathisant d'une soixantaine d'années
commente quant à lui : " être en ballotage défavorable
sur 7 régions, c'est beaucoup. Ce n'est pas un bon résultat
à mi-mandat ". Delphine, quant à elle, file prêter
main forte aux candidats interviewés par la presse dans les
étages, avant de participer à une longue nuit de négociations
FN : La nostalgie du 21 avril
1ère
étape - Tournée des bureaux de votes dans le Val de
Marne
Le
rendez-vous est fixé à 15 heures à la Mairie
de Saint Maur. Dominique arrive avec un certain retard, costume sombre
et cravate rouge comme à son habitude, accompagné de
Jean-Michel, militant solidement bâti tout droit issu d'Ecouans
(95), fief familial du candidat tête de liste du Val de Marne.
Les deux compères sont rejoints par Madame Deleuze, n°2
sur la liste départementale et le candidat local aux élections
cantonales. On nous annonce le programme : tour des bureaux de vote
pour marquer sa présence, avec mise en jambe soft à
Saint Maur, municipalité tenue par un maire sans étiquette
mais ancré à droite, puis direction Ivry, " bastion
communiste où on sera moins bien reçu car ça
fraude à mort. De toutes façons, ils ont pas le choix,
pour eux, c'est une question de survie "
Les visites se font efficaces mais dans une ambiance guillerette ("
Quoi qu'il
arrive, on sait qu'on surfe sur une vague ascendante " se réjouit
Dominique) et donne lieu à un cours de pratique électorale
par les candidats. C'est Jean Michel qui s'y colle en premier. Ancien
militant communiste déçu, il a basculé au FN,
où il lui semble retrouver les valeurs qui prédominaient
lors de la grande époque du PCF des années Marchais.
C'est là qu'il a suivi des cours de compétence électorale
et prétend tout connaître sur les pratiques de la fraude
dans les bureaux de vote. Tel un expert, il nous les classe en une
typologie de quatre sortes : au moment du scrutin, émargement
des listes et rappel à l'ordre des absents par téléphone
ou utilisation abusive du vote de personnes ayant déménagé
mais non rayées des listes ; au moment du dépouillement,
gribouillage des bulletins par une mine glissée sous l'ongle
ou substitution d'une pile d'enveloppe par une autre dissimulée
sous la veste. " Dans certains bastions rouges, les bureaux de
vote sont noyautés par les mairies communistes "
Quant à Dominique, très en forme, il enchaîne
avec prouesse commentaires piquants, cinglants ou acerbes selon l'occasion.
Une femme assesseur à la table des cantonales lui fait-elle
remarquer que les électeurs votent moins aux régionales
? " C'est normal, lui répond-il, quand on vous voit, on
a pas envie d'aller plus loin ! ". Il nous sussure ensuite "
les bulletins sont vraiment trop grands, bientôt, il faudra
amener son fer à repasser dans l'isoloir ". Après
avoir croisé le notable politique local dénommé
Leroy au détour d'une cour d'école, il se flatte "
d'avoir eu l'idée de lui opposer un homonyme " aux cantonales,
en bon praticien du cannibalisme électoral. A proximité
des panneaux officiels, il nous décrypte les affiches de ses
concurrents de droite " voyez l'absence de cravate de Copé,
c'est typique du style du technocrate qui croît avoir compris
les attentes du peuple. " " La liste UDF, c'est que des
notables, des relais d'opinion qui ne se font élire que sur
leur position sociale établie"; Remarquant l'absence d'affiche
de la candidate Ile-de-France, il lance un cinglant " Dites-donc
camarade Leroy, y a pas beaucoup de Marine dans votre canton°!
" Prenant soudainement une posture solennelle, il se rappelle
tout haut qu'il doit écrire un texto à cette dernière
: " vous allez assister au lancement de la tournure médiatique
de la soirée " assure-t-il en rédigeant la phrase
choc que Jean Michel vient de lui glisser à l'oreille "
le bateau de l'UMP prend l'eau, Santini obligé d'écoper
". Comme quoi, et contrairement à ce qu'il prétend,
il arrive que le FN se noie dans ses propres vérités
!
L'après-midi touche à sa fin. La petite troupe se rend
à Ivry où elle rencontre la candidate locale aux cantonales,
timide septuagénaire aux allures d'antan accompagnée
de son mari. Au moment d'entrer dans le bureau de vote, la candidate,
méfiante, hésite à emboîter le pas à
Dominique. Celui-ci s'engouffre avec aplomb mais n'en sera pas moins
glacialement reçu, sans poignée de main, par un "
Nous vous souhaitons une très mauvaise journée Monsieur
! ".
2ème étape - Soirée électorale au Paquebot
Deux
heures et demie après que Dominique nous ait laissé
pour vaquer à des occupations auxquelles nous n'étions
pas conviés, nous le retrouvons à l'intérieur
du Paquebot, moins jovial. Au QG de campagne de Marine Le Pen l'ambiance
est détendue, plusieurs buffets sont à disposition des
militants et sympathisants, par ailleurs très élégants,
qui se sont déplacés.
Dans une grande salle, militants et journalistes regardent debout
les images retransmises sur écrans géants. Dominique
est un peu tendu, " On nous met à 18 puis à 11
et maintenant à 13 " ! Un peu partout dans la salle, les
critiques à l'égard des sondages croisent celles concernant
les journalistes, certains profitant même de leurs présences
pour leur en faire part.
La salle est bon public, quand Marine apparaît le silence se
fait, tandis que les autres intervenants sont souvent hués.
Dans l'attente de la confirmation des résultats, les journalistes
interrogent un peu partout des militants et principalement des jeunes
qui sont très nombreux.
Vers 22 heures les estimations semblent se stabiliser et les 13% de
Marine Le Pen se confirmer. Dans l'après-midi Dominique nous
parlait d'une victoire si le score de Marine en Ile-de-France dépassait
celui de Jean-Marie à la présidentielle (14,5%). Mais
pour autant, ici personne ne parle d'échec : au niveau national,
le " Front continue d'avancer puisqu'il fait un peu mieux qu'au
premier tour de la présidentielle". C'est donc sans euphorie
et sans déception que les bouteilles de Champagne à
l'effigie de la candidate se succèdent, même si les militants
semblent regretter l'ambiance de fête du 21 avril.
A 22h30 Dominique s'en va chercher les résultats du Val-de-Marne
à la Préfecture de Créteil. Le sentiment d'attente
se poursuit jusqu'à l'arrivée de Marine Le Pen. Lorsqu'elle
arrive enfin à minuit moins vingt, elle prend le temps de faire
une petite déclaration. C'est en essayant de cacher sa déception
qu'elle évoque tour à tour la participation, le désaveu
du gouvernement et la mobilisation autour du vote FN au deuxième
tour, " le seul vote utile ".
La victoire de la soirée c'est le maintien des listes FN dans
17 régions sur 22, même si rien n'est encore gagné,
" Il faut maintenant transformer ".
LA
SOIREE ELECTORALE
DECLARATION
DES PRINCIPALES TETES DE LISTE :
1. LES DECLARATION DES PERSONNALITES DE GAUCHE :
- HUCHON :
Je remercie les Franciliens de leur participation massive au vote.
Et tout particulièrement les jeunes qui ont voté nombreux
et de façon enthousiaste. Il y a eu un réflexe démocratique.
Mais ce n'est pas suffisant. Le 2ème tour doit connaître
une mobilisation plus forte encore.
Les résulats montrent que la gauche est largement en tête.
elle doit se rassembler au 2ème tour, on va arriver à
une fusion parce que c'est l'intérêt de tous. Il faut
que nous portions plus haut et plus loin notre projet. Pour arriver
à une région IDF pour tous !
- DELANOË :
Je constate que Copé drague le FN, il propose un accord avec
le FN, alors que l'heure est à la clarté.
2. LES DECLARATIONS DES CANDIDATS DE L'UMP :
- COPE :
" J'appelle à une gigantesque mobilisation générale
!"
" La liste que je conduisais est arrivée en tête
de la droite.J'adresse mes remerciements à ts les électeurs
qui nous ont fait confiance. J'appelle à une gigantesque mobilisation
générale.
Je salue André Santini. Je voudrais lui dire que j'ai besoin
de lui à mes cotés. Il faut que nous soyons ensemble
pour gagner. Je suis très confiant.
Je veux aussi m'exprimer aux électeurs qui ont voté
FN. Je veux leur dire que je veux me battre pour l'efficacité.
On a reçu un message et je veux leur témoigner que nous
sommes dans une logique d'action. J'entends le message d'exaspération
et d'impatience qu'ils adressent. Mais maintenant chacun doit agir
en responsabilité "
Il met en garde : " voter pour le FN au 2ème tour, c'est
faire gagner la gauche. "
" Globalement, en Ile-de-France, la gauche n'a pas fait score
faramineux qu'on nous promettait.
Et le score de la droite est plutôt bon. Enfin, le FN est en
retrait.
Tout cela veut dire que quand on s'engage, quand on parle concret,
c'est un message que les gens entendent. "
- VERSINI :
Notre score est tout à fait intéressant et honorable.
C'est un désaveux de la politique de M. Huchon et de celle
de M. Delanoë, notamment en matière de transports. Cette
politique ne convient visiblement pas à une grande partie des
Parisiens. Et je veux leur dire que la droite est unie, mobilisée,
coordonnée, et que c'est une droite qui sera confortée
par les voix de l'UDF.
3. DECLARATION DU CANDIDAT UDF :
- SANTINI :
Notre score en Ile-de-France est le plus grand score de l'UDF.
Pour ce qui est de l'alliance avec l'UMP, c'est déjà
fait.
J'ai téléphoné à Copé pour le féliciter.
Je lui ai dit qu'au 2 ème tour, nous allions gagner.
Nous jouerons très loyalement le jeu, nous allons nous battre
pour aider Jean-François Copé à gagner, ce qui
montrera que l'UDF n'est pas seulement un parti critique. L'important
c'est de changer la direction de cette région.
4. DECLARATION DE LA CANDIDATE DU FRONT NATIONAL :
- MARINE LE PEN :
Jean-François Copé a fait 20%, ce qui est ridicule pour
un représentant du gouvernement.
Je me tourne vers ceux qui ne veulent pas se sentir coincés
entre MM. Huchon et Copé et qui n'ont plus envie de ce système.
Qui veulent des élus courageux et honnêtes : ils peuvent
se reporter sur nous pour augmenter notre nombre de membres du conseil
régional à la proportionnelle.
Je constate que le vote sanction s'est égaré vers une
liste qui est une véritable escroquerie : c'est la liste UDF,
qui s'était proposés comme des opposants à la
liste UMP, et dès ce soir 20 heures on voit que tout ce petit
beau monde se réunit.
5. DECLARATION
DE LA LISTE COMMUNE LO-LCR:
- BESANCENOT :
L'analyse que je fais c'est qu'on a fait plus qu'en 98.
Mais à cause d'une réforme des scrutins injuste, on
va être shootés des conseils régionaux, alors
que notre présence dans ces conseils est utile, comme on l'a
déjà montré. Notamment pour dénoncer.
Ce qui me fait sourire c'est que la politique du gouvernement Raffarin
a été lourdement sanctionnée. Ce gouvernement
paye son arrogance. Et paye le fait d'appliquer à la virgule
près le programme du MEDEF. Mais ils peuvent savoir que nous
serons de tous les combats sociaux dans la rue. Je conseille la modestie
au PS, s'ils veulent attirer à eux des voix de l'électorat
populaire.
Il faudrait pour cela qu'ils défendent clairement les 37 anuités
pour tous, dans le privé comme dans le public.On est fière
de notre indépendance vis-à-vis de la gauche. Nous ne
donnerons pas de consigne de vote. Les voix des électeurs ne
nous appartiennent pas.
ETAT DES SOIREES ELECTORALES A 23H :
PS :
Il n'y a plus grand monde au siège, sauf le staff qui va mener
cette nuit les négociations cette nuit pour une fusion des
listes avec le PC.
Au QG de Jean-François Copé :
Il n'y plus personne : ils sont tous au rassemblement de l'UMP, rue
de la Boétie.
Dès demain matin 9h, il y aura une réunion pour le mélange
des listes avec l'UDF.
Au QG d'André Santini :
L'ambiance est celle d'un soir de défaite, avec une émotion
contenue.
D'autant plus que les sondages d'il y a seulement deux jours donnaient
Santini au dessus de Copé.
ESQUISSES
D'ANALYSE
Ces
élections, les premières depuis celles du printemps
2002, nous permettent de commencer à répondre aux questions
que nous nous posions au début de ce projet.
"
Analyse du premier tour
1.
La participation
Contrairement à toute attente, l'abstention n'a pas progressé
lors de ces élections. Elle a même reculé pour
s'établir à 37,89% sur le plan national (contre 45,62%
en 1998) et 38,76% en Ile-de-France (contre 45,54% en 1998).
Ce sursaut civique peut sembler dérisoire (15,5 millions d'électeurs
ne sont pas allés voter tout de même), il reste néanmoins
significatif car c'est la première fois que l'abstention diminue
aux régionales alors même que ces élections ne
font pas partie des plus prisées des Français.
Le battage médiatique autour de la question ainsi que le souvenir
du 21 avril peuvent expliquer ce sursaut. Mais il est encore trop
tôt pour dire si l'on observe un renversement de tendance structurel
ou seulement conjoncturel.
2. La montée des extrêmes non confirmée
Une claque pour l'extrême gauche
En ce qui concerne l'extrême gauche, l'alliance inédite
LO-LCR ne se maintient dans aucune région et les résultats
sont en nette diminution par rapport à la présidentielle
de 2002.
En Ile-de-France, l'échec est particulièrement important
: 3,99% des voix, et un seul département où elle dépasse
les 5% (Seine-St-Denis) alors même que la liste était
conduite par Arlette Laguiller.
Il est possible de penser que l'appel au vote utile du Parti socialiste
a pénalisé l'extrême gauche. En effet, la stratégie
de la gauche s'est largement appuyée sur le souvenir du 21
avril pour tenter de mobiliser son électorat et d'éviter
un " 21 mars ". En obtenant un score similaire à
celui de 1998, la liste LO-LCR n'a pas réussi à fidéliser
le vote protestataire dont ont bénéficié les
formations d'extrême gauche en 2002. Faut-il conclure que l'alliance
LO-LCR, loin de susciter la dynamique attendue est un échec
?
Une hausse contenue du FN
Le Front national conserve des scores élevés, environ
15%, sur le plan national, mais ne continue pas sur sa progression
de 2002. En revanche, il confirme son implantation géographique
en PACA, Alsace, Rhône Alpes et Nord-Pas-de-Calais.
En Ile-de-France, c'est un échec pour Marine Le Pen qui n'arrive
qu'en quatrième position avec 12,26% des voix, soit beaucoup
moins qu'en 2002 et même 1998. Mais les situations sont très
différentes d'un département à l'autre puisqu'en
Seine-et-Marne le FN obtient 16,80% contre 8,24% a Paris.
La politique du ministre de l'intérieur en matière de
sécurité ainsi que son omniprésence dans la campagne
de Jean-François Copé (jusque sur les bulletins de vote)
ont peut-être entraîné un " effet Sakozy "
en Ile-de-France permettant ainsi à la droite de gagner des
voix sur le FN. Marine Le Pen probablement partie à la conquête
de la région Ile-de-France pour gagner une stature nationale
risque de se retrouver en difficulté en interne, puisqu'elle
n'obtient pas des urnes une légitimation à la succession
de son père.
3. Un élan à gauche
La gauche est incontestablement la grande gagnante de ce premier tour.
En totalisant 40,3% des voix contre 34,5% pour la droite, elle se
refait une santé après le 21 avril. Elle bénéficie
du sursaut civique des électeurs qui ont choisi de manifester
leur opposition au gouvernement, non pas par l'abstention ou le vote
en faveur des extrêmes, mais par un vote pour l'opposition.
On assiste finalement à un retour du processus démocratique
classique.
En revanche en l'Ile-de-France la situation est plus fragile. Certes,
la liste de Jean-Paul Huchon est arrivée en tête dans
tous les départements mais Jean-François Copé
a bien résisté et le deuxième tour s'annonce
très serré. Si la gauche bénéficie d'un
" effet Delanoë " (elle réalise ses meilleurs
scores à Paris), elle se trouve en difficulté dans certains
départements comme la Seine-et-Marne.
Quant au PCF, c'est l'autre grande surprise de ce scrutin. Sa mort
n'est pas encore à l'ordre du jour puisqu'il dépasse
largement le seuil des 5% nécessaire pour pouvoir fusionner
et obtient même de très bons scores en Seine-St-Denis
(14,31% des voix). La stratégie d'autonomie de Marie-George
Buffet s'est révélée payante, et prouve qu'il
existe un électorat qui se positionne entre une extrême
gauche non gouvernementale et le parti socialiste, refusant ainsi
la disparition de ce parti dans le paysage politique français.
La secrétaire nationale sort renforcée de ce premier
tour, et peut désormais négocier la fusion avec le Parti
socialiste en position de force.
4. Une droite en demi-teinte
Sur le plan national, l'UMP est sérieusement mise en difficulté.
Non seulement parce que la droite risque de perdre de nombreuses régions
et obtient son plus mauvais score aux régionales, mais aussi
parce qu'elle n'a pas réussi à imposer son hégémonie
face à une UDF qui résiste, même si ce n'est pas
dans les proportions espérées par François Bayrou.
L'UMP place tous ses espoirs dans l'Ile-de-France où la liste
de Jean-François Copé obtient un score honorable (24,79%)
et surtout devance très largement André Santini, y compris
dans les Hauts-de-Seine où il est pourtant maire.
L'UMP a donc gagné la primaire contre son frère ennemi
de l'UDF et n'a pas démérité face à Jean-Paul
Huchon. L'Ile-de-France est donc un enjeu énorme pour l'UMP
: une victoire au 2nd tour permettrait de masquer la défaite
sur le plan national et serait un très mauvais coup pour la
gauche dans la perspective des municipales de 2007.
" Focus sur les jeunes
Notre
projet découle directement d'une interrogation sur l'engagement
des jeunes et sur leur abstention massive. Quel a été
leur comportement lors de ces élections ?
Nous nous basons ici sur deux sondages post électoraux : l'un
de l'institut Louis-Harris pour Libération effectué
sur 1503 personnes le 21 mars 2004 ; l'autre de la Sofres pour Unilog/LCI/RTL/Le
Monde auprès de 2000 électeurs les 22 et le 23 mars.
Les résultats portent donc sur l'ensemble du territoire.
L'abstention
L'abstention des jeunes de 18 à 24 ans (40% selon Louis-Harris,
52% selon la Sofres) reste supérieure à la moyenne nationale
(38%) mais est en diminution par rapport à 1998. On observe
un effet d'âge très clair sur l'abstention qui diminue
quand l'âge augmente.
Leur vote : à gauche toute !
Les 18-24 ans ont largement plébiscité les listes de
gauche : 57% contre 47% pour celles de droite. C'est auprès
des jeunes que les listes d'extrême gauche (9%) et de gauche
(48%) obtiennent leurs meilleurs scores. Si la proportion de jeunes
ayant voté pour l'extrême gauche cette année est
similaire à celle des précédentes élections
régionales (8%), ce n'est pas le cas pour la gauche. On peut
en effet observer une importante augmentation du vote à gauche
chez les jeunes (+ 17 points).
La part des jeunes ayant voté pour les listes de droite est
proche de la moyenne nationale (30% contre 34,5%). Ce résultat
est similaire à celui de 1998 (27%). Par ailleurs, il convient
de noter la chute du score de l'extrême droite auprès
de l'électorat jeune. C'est la catégorie d'âge
qui a voté le moins en faveur des listes d'extrême droite
à ces élections (7% contre 16,5% au niveau national).
Ceci constitue un changement notable par rapport aux élections
de 1998 (17%) et 2002.
" Enjeux régionaux ou enjeux nationaux
?
Quant à la question de la place des enjeux nationaux et régionaux
dans cette élection nous pouvons y répondre selon le
prisme des électeurs, des observateurs de la vie politique
et des actes politiques eux-mêmes.
- Pour une majorité des électeurs, l'enjeu national
a primé sur l'enjeu régional. Ainsi, ils sont 53% à
affirmer que l'attitude de sanction du gouvernement de Jean-Pierre
Raffarin correspondait bien à leur état d'esprit au
moment de voter (d'après une sondage Louis Harris pour Libération).
- De l'avis unanime des commentateurs de la vie politique, ce vote
est un " vote sanction " pour le gouvernement, il ne fait
donc aucun doute que pour eux ce scrutin a une dimension nationale.
- Ce sont les conséquences que ces résultats vont avoir
sur la politique nationale qui détermineront au final la portée
nationale de ces élections. En effet, si l'éventuelle
démission du gouvernement tant annoncée ces derniers
temps se confirme au lendemain du second tour, la portée nationale
du scrutin sera évidente.
La campagne elle-même s'est souvent faite en fonction d'enjeux
nationaux (omniprésence de Nicolas Sarkozy à droite,
discours appelant à sanctionner le gouvernement à gauche).
Ceci peut s'expliquer en partie par la place même de ces élections
dans le cycle électoral : ce sont les premières depuis
celles du printemps 2002 et les dernières avant 2007 qui sera
une année électorale très chargée (municipales,
présidentielles, législatives et cantonales). C'est
donc l'unique occasion pour les Français d'exprimer leur opinion
par les urnes avant 3 ans.
LA
QUESTION DES FUSIONS DE LISTE
Qui
fusionne ?
En
Ile-de-France le cas se pose pour deux listes : le PC et l'UDF, qui
ont dépassé le seuil des 5% et sont des alliés
(du moins dans les mots) de deux autres formations dominantes. Les
deux ont donc décidé de fusionner avec respectivement
le PS et l'UMP. A noter que l'UDF pouvait choisir de se maintenir
au 2ème tour puisqu'elle a obtenu plus de 10% des voix mais
a choisi l'alliance malgré une campagne à bâton
rompu contre l'UMP.
Les listes ont jusqu'au mardi suivant le premier tour 18 heures pour
présenter la nouvelle liste à la préfecture.
Le remaniement est libre et se fait en fonction des accords entre
les deux listes. Autant dire qu'il faut faire vite, décider
le nombre de places accordées à la liste qui fusionne
mais également (et même surtout) leur position éligible
ou non, et l'éventuelle présence de nouvelles têtes
de liste départementales. Un véritable casse-tête
qui nécessite de gérer les frustrations qui découlent
du remaniement et dont l'enjeu est énorme : en Ile-de-France,
tout échec des négociations mène mathématiquement
à la victoire de l'autre camp.
Le cas de l'UMP et de l'UDF
UMP
et UDF, redevenus soudainement les meilleurs amis du monde, ont entamé
leurs discussions dès dimanche soir. Chaque tête de liste,
en l'occurrence Jean-François Copé et André Santini,
a proposé sa liste de candidats, la liste de fusion devant
se constituer de 60 % de candidats UMP et 40 % de candidats UDF (chiffres
qui ont été établis par les deux formations d'après
les résultats de premier tour).
Jean-François Copé n'a pas de droit de regard sur la
liste de noms proposée par André Santini et vice et
versa. La validation de la liste définitive a lieu en dernier
ressort par la commission d'investiture présidée par
Jean-Claude Gaudin. André Santini a obtenu la tête de
liste départementale des Hauts-de-Seine.
Pour l'attribution des places sur la liste, il s'agit, selon les propres
dires de Delphine, de "cuisine interne". Elle-même
n'a su sa place effective -17ème soit un recul de 6 places-
que le mardi après-midi. Malgré tout, on peut avancer
que "plus tu as de soutiens- de personnalités du parti,
de députés etc- plus tu as de la chance de rester sur
la liste, en pas trop mauvaise position" (propos recueillis auprès
d'un jeune militant). Il faut savoir qu'en cas de victoire de Jean-François
Copé dimanche prochain, les 26 premiers de la liste parisienne
seront probablement élus. En cas de défaite, ce chiffre
tomberait sans doute à 14. Delphine n'est donc certaine d'être
élue qu'en cas de victoire de la liste UMP-UDF.
Le cas du PS et du PCF
Au
PS, les tractations ont été difficiles, le PCF, fort
de ses résultats, s'étant montré beaucoup plus
exigent que ce qui avait été envisagé avant le
premier tour. Les communistes réclamaient 27 à 28 sièges
en cas de victoire quand le PS proposait 22 ou 23 places. Sachant
que l'accord avec les Verts stipulait qu'en aucun cas leurs places
ne bougeraient en cas d'accord avec le PCF, c'était aux candidats
socialistes de se sacrifier, ce qui s'est souvent fait dans la douleur.
Finalement, 25 places éligibles ont été attribuées
aux communistes. Marie-George Buffet obtient la tête de liste
départementale de Seine-St-Denis.
Artur quant à lui se retrouve en 23ème et dernière
position de la liste de Seine-et-Marne. Une preuve de reconnaissance
de son travail et de son engagement, puisqu'il était au départ
question que ce soit lui qui se sacrifie pour laisser sa place aux
communistes (4 places leur ont été attribuées
en Seine-et-Marne, dont trois éligibles). Il a bénéficié
de son statut favorable en terme d'image : jeune, d'origine immigrée,
issu d'un quartier populaire, c'est un atout sur une liste !
Nos jeunes candidats reculent donc mais parviennent à se maintenir,
ce qui n'est pas si mal. Pour Artur, cela ne change rien puisque de
toutes manières il n'était pas éligible. En revanche,
pour Delphine, c'est maintenant quitte ou double pour elle, son élection
dépendant entièrement des résultats de dimanche.