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de Paris (75)
Jour après jour
DIMANCHE
21 MARS : FIN DU PREMIER TOUR ET NON QUALIFICATION DE LA LISTE LO/LCR
- VOIR LES ANALYSES DE LA PAGE RESULTATS
Lundi
15 mars- mercredi 17 mars - Animation de " préaux politiques
"
Débattre
avec le public des grands problèmes de société,
telle était l'ambition de la LCR en cette dernière semaine
de campagne avant le premier tour. Objectif partiellement atteint,
les rencontres organisées dans les préaux d'écoles
parisiennes ayant suscité plus ou moins d'intérêt
Lundi, la réunion se transforme en effet en café entre
militants
. faute de public
En effet, mis à part
une dizaine de militants et deux inspecteurs des renseignements généraux,
une seule personne avait fait l'effort de se rendre à ce préau
politique sur la précarité. Résultat, les militants
se séparent en deux groupes, ceux chargés du collage
nocturne et ceux qui se rendent au café pour ne pas perdre
la soirée. Suite à une altercation entre la police et
des colleurs, le débat portera sur la conduite à tenir
face aux forces de l'ordre.
En revanche, le préau de mercredi, qui porte sur les services
publics, fonctionne normalement. Sandra anime la soirée avec
cinq autres intervenants représentant respectivement la RATP,
la SNCF, l'Hôpital public, l'Education nationale et EDF. Tous
dénoncent les menaces récurrentes de privatisation qui
ne mèneront qu'à des échecs comme cela s'est
vu avec le rail anglais. Pour eux, un service public ne doit pas être
pensé en terme de rentabilité, car diminuer les coûts,
c'est diminuer la qualité.
Chaque intervenant est censé parler cinq minutes pour exposer
les problèmes qu'il rencontre dans son secteur. Si Sandra se
plie à l'exercice et n'excède pas sont temps de parole,
consacré à une présentation rapide des services
publics, les autres intervenants ont plus de mal à synthétiser
leur propos. Résultat, le débat avec la salle - une
vingtaine de personnes mais beaucoup de militants déjà
conquis - ne débute qu'à 21h15, après une heure
trente de discours.
Plus qu'un simple appel à la défense des services publics,
la réunion de ce mercredi est une attaque en règle du
capitalisme sous toutes ses formes. Pas question par exemple que les
collectivités locales accordent des subventions aux entreprises
privées, à tel point que les élus d'extrême
gauche ont refusé de voter les subventions accordées
par la région à des entreprises privées construisant
des bus pour handicapés. Pas de doute, l'ennemi a un nom, le
capitalisme, et rien ne saurait détourner nos militants de
leur objectif : le renverser par tous les moyens.
Samedi
6 mars : manifestation contre la précarité et pour les
droits des femmes
Dans
le cortège qui rejoint République à Nation, lieux
symboliques de la capitale, c'est tout le peuple de gauche qui s'est
rassemblé au sein de deux manifestations. Celles-ci se sont
rejointes Place Léon Blum pour défendre les droits des
personnes précaires et des femmes.
PCF, CGT, MJS, SOS Racisme et LO sont bien sûr présents
: un manifestant indique que les estimations font état de 15,000
personnes mobilisées. La LCR est partie prenante des deux manifestations,
présente d'abord dans le cortège contre la précarité
puis dans le cortège général. Elle forme un groupe
très vivant avec force drapeaux aux couleurs du parti, banderoles
portant des slogans tels que "Des droits à défendre,
l'Egalité à gagner". De multiples tracts "défendons
les droits des femmes, prenons la rue" et "LO-LCR, la seule
opposition au patronnat et au gouvernement" sont distribués.
C'est Sandra et l'une de ses camarades qui tiennent le micro et scandent
des refrains protestaires repris par les militants, au rythme des
tambours : "Y en a assez, assez, assez de cette société,
qui crée que du chômage et de la précarité!".
Ou encore : "Licencions les patrons, nos vies valent plus que
leurs profits!".
Une fois arrivé à Nation, après un défilé
aux accents très festifs, l'ambiance devient plus fraternelle.
La plupart des manifestants se connaissent bien. Aux dires de Sandra,
"nous nous mobilisons à chaque fois qu'une occasion de
défendre des droits se présente et cela n'a rien à
voir avec les élections à venir". Le temps se dégradant,
le matériel est vite rangé dans le camion porte-voix
qui disparaît dans la circulation pendant que des irréductibles
continuent de faire le tour de la place au chant de l'Internationale,
jusqu'à extinction de voix. Quel bilan tirer d'un tel événement
? Au milieu d'un cortège où se retrouvent pèle
mèle des femmes voilées sous la bannière "voilées,
non voilées, solidarité ", le collectif "Ni
putes, ni soumises" accompagné d'un camion Skyrock, le
message transmis par la LCR paraît un peu confus pour un spectateur
désengagé.
Jeudi
4 mars : Réunion à huis clos, bilan à mi-parcours.
Plus
que deux semaines avant le premier tour. C'est l'heure du bilan de
mi-parcours, et l'assemblée générale de la LCR
en sera le prétexte.
Les militants prennent place dans la grande salle du sous-sol du local
de la LCR. Ils sont une cinquantaine. Ca vient, ça sort, le
tout dans un apparent désordre. Apparent seulement : la discipline
de la réunion est en fait assez stricte. La présidente
de séance a 24 ou 25 ans. Elle impose avec fermeté les
règles du jeu. Objectif de la réunion, personnes en
présence, ordre des prises de parole, minutes allouées
à chacun.
C'est un jeune brun qui commence. Il est le " rapporteur ".
Pendant dix minutes, il fait une analyse politique et historique de
la situation de la LCR dans les régionales. D'abord en rappelant
sa situation aux dernières régionales. Puis viennent
les commentaires de la campagne. Les concurrents, communistes. Insistance
sur les dangers de l'abstention, et de Le Pen. Après lui, c'est
au tour d'un autre jeune, la trentaine. Il a droit également
à dix minutes pour présenter le dernier tract imprimé
qui doit servir d'outil pour la campagne. Recto pour les régionales,
et verso pour des idées d'une ampleur nationale. - Interdiction
des licenciements pour les entreprises qui font du profit ; suppression
des subventions au privé ; aucune construction de nouveaux
établissements privés dans le domaine de l'éducation
- " rien de très radical " commente l'auteur du tract.
Sandra intervient bientôt pour montrer son désaccord
avec certains points du programme énoncé : " on
est contre TOUS les licenciements, qu'ils soient collectifs ou individuels
". Elle en profite pour raconter son impression de la campagne
: " Dans le XVIIIème on est super bien reçu, on
a beaucoup de contacts. Bon, c'est vrai qu'on a pas vraiment réussi
à mettre en place un comité de soutien. Les gens ne
sont pas seulement motivés par leur colère sociale,
il y a une vraie attente. " Elle se veut également réaliste
: " faut pas non plus rêver, on n'aura pas d'élu.
Ce qui va être difficile pour nous c'est l'abstention et le
vote utile ".
Les autres militants prennent chacun à leur tour la parole.
A plusieurs reprises, ils semblent préoccupés par la
tonalité trop " syndicaliste ", pas assez "
politique " du discours de la campagne. Sandra répond
avec vivacité à ces critiques : " Ca m'énerve
d'entendre que LO et LCR c'est des syndicats de gauche ! Nos arguments
ne sont pas des arguments syndicalistes ! Je suis désolée,
mais interdire les licenciements, çà c'est une mesure
politique ! "
Samedi
28 février - Tractage au marché de la Goutte d'or
Pas
de répit pour les militants de la LCR. Comme tous les week
ends, ils se retrouvent dans plusieurs endroits clés du 18è
(stations de métro, marchés) pour distribuer leurs tracts.
Ce samedi, direction la Goutte d'Or, où Sandra et deux "
camarades " vont distribuer deux tracts - l'un appelant à
manifester le samedi suivant pour le droit des femmes, l'autre rejetant
" la droite et le Front national, sans amnistier la gauche ".
D'autres militants sont également présents à
la station voisine de Château-Rouge et s'occupent d'installer
une table pour vendre l'hebdomadaire de la Ligue
: "Le Rouge".
La tâche n'est pas aisée pour Sandra. Selon ses propres
dires, c'est un quartier difficile car " beaucoup d'habitants
ne sont pas français et ne votent pas, ce qui les pousse souvent
à refuser les tracts qu'on leur propose ". Effectivement,
beaucoup de gens passent sans s'arrêter, quelques-uns prennent
les tracts mais personne n'engage la discussion.
Pas question de baisser les bras pour autant. Sandra tient à
être là, au cur d'un quartier où la précarité
est souvent importante. La LCR est d'ailleurs le seul parti présent
sur le marché, même si le PCF est souvent là avec
eux. L'UMP et le PS ont choisi de tracter près d'une superette
un peu plus bas. Les partis centristes jugent peut-être plus
profitable d'être présents dans des endroits où
les électeurs sont plus nombreux, tandis que la LCR cherche
surtout à se présenter comme le parti qui défend
les plus démunis, qu'ils aient le droit de vote ou non.
L'ambiance est détendue, on sent une véritable complicité
entre les militants, mais le débat d'idées n'est jamais
loin. Il n'est pas rare de les entendre discuter entre eux combat
politique, moyens de lutte contre le gouvernement
et bien sûr
révolution !
Dimanche 8 février au matin - Métro Gambetta - Paris
XXème
L'objectif du rassemblement
organisé place Gambetta était de dénoncer la
volonté du gouvernement d'instaurer un service minimum à
la RATP, et plus largement de lutter contre une menace du système
des services publics.
L'appel à lutter émanait non seulement de la LCR, mais
aussi du Parti Communiste, de la CGT et du mouvement Attac. Ensemble,
ils avaient apporté sur la Place un ancien bus de la RATP et
une grosse camionnette décorée aux couleurs de la CGT,
à laquelle étaient fixées deux grosses enceintes
de sono.
Le
décalage était donc particulièrement flagrant
entre le nombre d'organisations à l'appel de ce rassemblement,
le matériel mobilisé, et la réalité :
la place Gambetta était aussi tranquille que tout autre dimanche
matin. Le " rassemblement " ne comptait en fait qu'une trentaine
d'individus, c'est-à-dire les organisateurs eux-mêmes
et leurs enfants. " C'est une opération qui n'a pas pris
" commente notre candidate. Elle n'a pas l'air vraiment déçue.
Elle semble peu impressionnable par les " ratés "
du militantisme.
Cet événement, s'il s'est avéré être
un échec, a mis en lumière combien la frontière
entre combat syndical et combat politique est mince pour Sandra Lemarcq.
Ce dimanche, c'est ensemble que la CGT et la LCR ont appellé
à manifester : face à un objectif commun, syndicalisme
et Ligue Communiste Révolutionnaire ne sont que les deux armes
d'un seul et même combat.
Vendredi 6 février -
Meeting à la Mutualité
Rassembler et motiver les militants et les sympathisants est
particulièrement nécessaire pour Lutte Ouvrière
et la Ligue Communiste Révolutionnaire qui font campagne ensemble
et doivent donc se partager les places sur la liste, ce qui peut être
l'origine de frutrations et d'incompréhension.
Dès
18h30, les premiers militants arrivent : de l'avis général
il y aura du monde. Effectivement, la salle et l'étage sont
combles, certains doivent même s'asseoir parterre et dans les
couloirs. L'assemblée comporte beaucoup de jeunes, ce qui contraste
par rapport aux meetings des autres partis. L'ambiance est chaleureuse,
dans la rue et dans le hall chacun vend son journal comme Lutte Ouvrière
ou encore Rouge et Red. Les symboles sont nombreux, de la citation
de Karl Marx qui orne la ballustrade de l'étage " L'émancipation
des travailleurs sera l'uvre des travailleurs eux-mêmes
" à la multitude de drapeaux Rouge présents dans
le hall et dans la salle.
C'est
sans musique et par les coulisses que les personnalités politiques
entrent sur scène. Après avoir énuméré
les noms et professions de chaque chef de file départemental,
les deux leaders Olivier Besancenot puis Arlette Laguillier feront
un discours. Tandis que l'UMP et le PS présentent dans leurs
discours et dans leurs tracts un programme régional, Olivier
Besancenot tient un discours national, qui montre pourquoi il faut
voter LO-LCR aux régionales. Emprunt d'humour, le discours
du leader de la LCR n'en est pas moins complexe et technique. Il fait
appel à de nombreux chiffres et exemples concrets qui illustrent
son argumentation mais tendent à compliquer son discours. Il
présente les deux objectifs de l'union LO-LCR pour les régionales
: faire entendre une voix et faire passer un message.
Olivier
Besancenot montre que seule LO-LCR est capable de faire entendre la
voix sociale. Si la différence avec la droite ne nécessite
pas beaucoup d'argumentation, il s'attarde un peu plus à montrer
l'incapacité de la gauche à traiter la réalité
sociale, mais passe surtout du temps à dénoncer l'extrême
droite qui veut faire croire qu'elle est le parti des travailleurs
alors qu'elle est " le parti du Medef ". Il cherche à
mettre fin au paradoxe du vote Front national auprès des ouvriers.
L'assemblée déjà conquise est très réceptive
à l'exposé du leader LCR et lorsqu'il en arrive à
la méthode c'est une salle convaincue qui scande en chur
" Grève générale, grève générale".
Interviews
Entretiens
avec Sandra Demarcq
1er
acte - Le militantisme.
Sandra Demarcq a 32 ans. Elle est grande, brune, les cheveux courts.
Elle travaille depuis 5 ans comme formatrice sur un plateau de téléopérateurs,
à Boulogne. Sandra
vit dans le XVIIIème arrondissement de Paris, après
avoir longtemps habité dans le XIIIème.
" J'ai eu la chance d'avoir des parents communistes "
Je
milite depuis bébé ! J'ai eu la chance d'avoir des parents
communistes, et même des grands parents communistes
Mon
père est d'une famille basque espagnole, déjà
engagée dans la CGT espagnole et le parti communiste. Ma mère
a épousé la cause communiste avec mon père, mais
elle venait d'une famille bourgeoise du pays basque français.
Avec mon frère, on suivait mes parents partout. À 13
ans je suis rentrée aux jeunesses communistes. Mais j'en ai
été virée à 15-16 ans : je posais des
questions qu'il ne fallait pas poser
À propos de l'Afghanistan
Du Stalinisme
Et avec des amis nous faisions des réunions
secrètes et nous lisions des livres " interdits ",
comme ceux de Trotski
Du coup on nous a fait partir en nous
traitant d' " anti-communistes primaires ".
J'ai été carrément dégoûtée.
Du coup j'ai fait un gros break de 10 ans pendant lesquels je ne me
suis pas engagée en politique.
J'étais quand même active : j'étais engagée
dans le syndicalisme déjà au lycée, pour le mouvement
de 1986 on a fait une grève collective. Je suis devenue membre
du collectif " Sans Papier " sur Paris. À la fac
je militais dans le syndicat UNEF-SE. Mais là encore j'ai été
traitée d'anticommuniste primaire
. !
J'ai fait un DEA sur l'histoire du mouvement ouvrier. Et puis j'ai
loupé mon agrég d'histoire à l'oral, mais je
n'ai pas eu envie de la représenter. Je suis rentrée
dans ma boîte un peu par hasard. Au début je n'y travaillais
que 24 heures par semaines. Mais en 6 mois on avait monté le
syndicat, et je ne pouvais donc plus imaginer de partir.
" J'ai sauté le pas
Et je n'ai jamais caché
mon engagement ".
"
Mon premier contact avec La Ligue s'est fait via l'UNEF, en 90-91.
mais à l'époque je ne me sentais pas prête , j'étais
encore assez dégouté de mon expérience des jeunesses
communistes. Et puis la Ligue était hostile à toute
forme d'alliance avec d'autres organisations de l'extrême gauche,
ce qui n'était pas dans mes idées.
Ce n'est qu'en 1999 que j'y suis revenue, avec les Européennes.
Ce n'est qu'à ce moment-là que je me suis sentie prête
à militer. J'avais fini de monter le syndicat dans mon entreprise,
[le syndicat SUD, que Sandra a monté, est désormais
le syndicat majoritaire de son entreprise, ndlr] et j'ai réalisé
que le syndicalisme c'était bien, mais pas suffisant.
J'ai hésité entre LO et la Ligue. La Ligue me convient
en fait parfaitement. C'est lors du dernier meeting des Européennes
que j'ai enfin décidé. C'est Alain [Krivine, ndlr] qui
m'a convaincue. La Ligue est en effet beaucoup plus ouverte, même
si les deux organisations sont parallèles, et partagent souvent
la même analyse. Mais la Ligue est plus large sur tous les problèmes
concrets et actuels, comme la lutte pour les Femmes, l'anti-mondialisme,
la lutte contre le racisme. Et puis l'aspect positif de la Ligue,
c'est son fonctionnement démocratique.
Quand j'ai franchi le pas, c'est parce que je me sentais prête,
mais c'est aussi parce que la Ligue elle-même avait évolué.
Politiquement, il y a eu un tournant en 1998. Elle n'a plus appelé
à voter pour la gauche dans son ensemble, elle est devenue
plus critique vis-à-vis du PS.
Moi je suis rentrée à la ligue par la TR, la "
Tendance Révolutionnaire ". L'idée de ce courant,
c'était de faire des alliances politiques avec d'autres organisations
de l'extrême gauche ; de développer une analyse très
critique de la Gauche, PC, PS et verts (Le PS a trahi, je lui en veux
beaucoup, avec d'autant plus d'amertume qu'avant 99 je votais souvent
pour eux
) ; et de privilégier une implication dans les
entreprises. Aujourd'hui la TR n'existe plus , elle s'est dissoute
lors du congrès de 2000 pour rentrer dans la majorité.
On est présent dans les entreprises à travers le syndicalisme,
mais aussi par la distribution de " feuilles de Branche "
ou de " feuilles de Boite ". Il y a aussi la diffusion de
lettres, " Le courrier Rouge " dans la poste, et "
Le fil Rouge " dans les télécommunications. "
" Prendre le pouvoir par les urnes ne suffit pas "
C'est
un tout le militantisme. C'est pas ma vie, mais ça fait partie
intégrante de ma personnalité. Ça m'a aidé
à devenir ce que je suis. Je suis totalement épanouie
dans le militantisme syndical et politique. Tu te bats pour tes idées.
Mon engagement est une véritable foi, j'y crois complètement.
Je crois dans la possibilité d'une autre forme de société.
Mais je ne crois pas à la prise de pouvoir par les urnes. Les
élections, c'est utile pour faire passer nos idées à
une large partie de la population. Mais je pense que le capitalisme
ne sera pas renversé via les élections.
J'étais suppléante d'Olivier [Besancenot, ndlr] pour
les législatives. Mais je n'étais pas sur les listes
pour les municipales.
Concrètement, quand tu milites pour ton organisation, il y
a des critères pour être candidat. Et il se trouve que
je cumule tous les critères : jeune, femme, et je travaille
dans le privé
! Il n'y a pas assez de copines, on cherche
les femmes.
Il y a des moments de découragement. Notamment les batailles
en interne, souvent entre deux générations, les anciens
et les jeunes. On n'a pas eu la même formation, et du coup on
n'a pas toujours les mêmes idées. La première
génération de la Ligue, ils avaient vécu 68.
La deuxième génération, elle arrive 30 ans plus
tard.
Mais il y a aussi des grandes joies. Comme la possibilité de
s'exprimer. Ce que je recherche c'est de développer mes idées,
sur mon lieu de travail ou auprès de sympathisants. Et le plus
grand bonheur c'est quand j'amène des militants aux congrès.
Mais mon but ce n'est pas d'être une élue politique.
Je ne peux pas imaginer la politique comme un métier parce
que je refuse d'être payée pour faire de la politique.
Je pense même qu'il faut lutter contre cette pratique.
Garder un pied dans " la vraie vie "
J'essaie
d'avoir des amis qui ne soient pas du tout militants, ni syndicalistes.
C'est pour rester dans la vraie vie. D'abord ça fait un bien
fou, c'est un bol d'air frais. Et puis les vrais gens ça me
permet de discuter réellement de leurs problèmes et
de voir également que nos idées sont malheureusement
pas toutes comprises.Mais en réalité on reste beaucoup
entre nous, c'est une question de temps, le militantisme ça
prend du temps, et encore, je dors très peu, c'est une chance.
J'ai des journées de dingue, je commence à 8h et je
termine rarement avant 11H du soir. Mais le fait de voir peu de gens
" extérieurs ", c'est un petit regret.
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